La France secoué par des mouvements sociaux depuis déjà plusieurs mois…
Les » gilets jaunes » français ont défilé samedi à Paris et dans d’autres villes pour protester contre le coût élevé de la vie et l’indifférence perçue du président Emmanuel Macron, dont le gouvernement a renforcé sa position contre eux cette semaine.
Les manifestations de rue ont commencé pacifiquement dans la capitale française mais ont dégénéré plus tard dans l’après-midi lorsque les manifestants ont lancé des missiles sur la police anti-émeute en barricadant des ponts au-dessus de la Seine et en incendiant des poubelles sur le boulevard Saint Germain.
Malgré une impasse tendue, le niveau de violence était loin des niveaux observés début décembre lorsque les émeutiers se sont déchaînés dans la ville, incendiant des dizaines de voitures, pillant des magasins dans des quartiers chics et dégradant l’Arc de Triomphe.
Des agents ont tiré des gaz lacrymogènes pour empêcher des centaines de manifestants de traverser le fleuve et d’atteindre l’Assemblée nationale. Un restaurant de bateau a été incendié et un policier a été blessé lorsqu’il a été heurté par une bicyclette projetée d’une rue au-dessus de la rive.
Deux mois après avoir commencé à bloquer les routes, à occuper les péages autoroutiers et à organiser des manifestations de rue parfois violentes à Paris, les gilets jaunes ont cherché à donner un nouvel élan à un mouvement qui s’est affaibli pendant les vacances.
Secoué par les troubles, le gouvernement de Macron a commencé la nouvelle année sur l’offensive, qualifiant les manifestants restants d’agitateurs cherchant à renverser le gouvernement. Mercredi soir, la police a arrêté l’une des personnalités du mouvement.
La colère des travailleurs et de la classe moyenne inférieure face à la pression sur les revenus des ménages et la conviction que Macron est sourd aux besoins des citoyens alors qu’il met en œuvre des réformes perçues comme favorisant les riches sont à l’origine de ces troubles.
« Ils n’ont pas le droit de nous laisser dans cette merde », a déclaré François Cordier. « On en a marre de payer tout le temps, on en a assez de cet esclavage, on devrait pouvoir vivre de nos salaires. »
Il y a également eu des accrochages entre la police et les manifestants dans la ville portuaire de Caen, au nord du pays. Des milliers d’autres se sont rassemblés à Bordeaux dans le sud-ouest, à Rouen dans le nord et à Marseille dans le sud-est, bien que les chiffres soient apparus bien en deçà de la participation observée dans les premières semaines des manifestations.
« LE POUVOIR AU PEUPLE »
Les protestations – 18 mois après le début du mandat de Macron et sa volonté de remodeler l’économie – ont déjà forcé le président de 41 ans à faire des concessions.
Le mois dernier, Macron a promis des réductions d’impôts pour les retraités, des hausses de salaires pour les travailleurs les plus pauvres et la suppression des augmentations prévues de la taxe sur les carburants pour calmer les troubles à un coût pour le Trésor de 10 milliards d’euros (11 milliards de dollars).
Ces mesures ont marqué le premier grand virage à 180° pour un président élu 18 mois plus tôt sur un programme visant à rompre avec la politique française traditionnelle et à libéraliser l’économie fortement régulée de la zone euro.
Dans une allocution prononcée à la veille du Nouvel An, M. Macron s’est engagé à poursuivre son programme de réforme en ces termes : « On ne peut pas travailler moins, gagner plus, réduire les impôts et augmenter les dépenses. »
Confronté à un taux d’ impopularité record, M. Macron devrait bientôt écrire une lettre à la nation pour lui faire part de ses plans pour les mois à venir. Il s’agit notamment d’un débat national avec les citoyens sur les questions écologiques, fiscales et institutionnelles, dont les résultats, selon lui, seront pris en compte dans le processus d’élaboration des politiques.
« Nous devons redonner le pouvoir au peuple et non à une minorité qui sert ses propres intérêts », a déclaré un deuxième manifestant en gilet jaune devant l’ancien bâtiment de la bourse.